Mémé Madeleine nous a quitté, Jeudi.
Mémé, il n'y a pas longtemps j'ai pris ta main, caressé ton bras amaigri, ta peau fine faisait des petits plis sur tes os.
Je t'ai dit, Mémé,
Je t'ai dit, C'est moi, Je suis là, Je suis venue te voir.
J'ai caressé ta tête tes cheveux, Embrassé ton front.
Tes yeux
Tes yeux se sont ouverts doucement
Tu m'as regardée
Mais ils n'ont pas souri tes yeux, Mémé
Tu avais compris.
Tu dormais souvent
Et je me demande à quoi tu rêvais pendant ces longues absences
Si tu revoyais la jeune femme que tu avais été
Si tu revivais ton passé tes rencontres
Moi, mémé, quand je somnole quand je m'abandonne
C'est souvent dans mon passé que je me promène, tu sais
Je me souviens
J'espère que tes souvenirs au moins étaient aussi doux que les miens
Et de ses souvenirs en voici quelques uns
Le premier naturellement qui me revient c'est ce parfum de la cuisine du quotidien.
Les repas préparés en début de matinée et qui mijotent jusqu'au festin.
Une entrée plutôt salée une salade agrémentée de noix broyées et sa sauce juste citronnée.
Un plat mitonné et mon préféré le lapin agrémenté d'une purée de charlottes tu l'auras deviné
Tes yaourts faits maison et puis devenus tes perles de lait qui nous ont tous fait rigoler.
Le dessert qui je ne cesse d'essayer de refaire ta tarte aux pommes si bien rangée.
Toute la matinée je te regarde pétrir, couper, ciseler, tourner et je n'ai cesse de vouloir y goûter.
Juste la bonne quantité et qualité.
La qualité de ton jardin potager.
Les framboises, fraises, groseilles que je grignote et picore en passant et fais désormais goûter à mes enfants.
Le persil coupé qui embaume la maison.
Les potirons qui grossissent à chaque arrosoir que tu prends soin de remplir dans la vieille bassine d'eau de pluie et qui invente cette confiture que nous partageons sur nos tartines de pain grillé.
Ce sont aussi les vergers, les pommes et les noix que nous allons cueillir et ramasser. Des paniers, Des cageots entiers qui embaument le garage et que tu prends soin de m'indiquer quelle variété est prête ou non à manger.
Ce cidre qu'on aime partagé et cette eau de vie dans laquelle on s'autorise à baigner un sucre morcelé.
Mes souvenirs en plus de la cuisine et de ton potager.
Ce sont aussi les parties de Scrabble que nous n'avons de cesse de jouer.
Le mot WU ou XI c est avec toi et Pépé que je les appris. Sur la case triple mot tu m as bien souvent battu.
Ce sont des tournées des commerçants jusqu'en bas du four jacquet que j'aime me rappeler. Tes échanges avec le boucher, mais c'est le passage du facteur quotidien dont je me souviens. Son tutute qui raisonne et annonce l'arrivée de ton journal "l'est éclair".
Les feuillets, tu les parcoures sur plusieurs périodes de la journée. Les essentiels dans la matinée puis les anecdotes en soirée.
Je me souviens de la sieste que tu fais juste après le café. 20 minutes de silence pour toute l'assemblée. Le rideau en accordéon te protège toi et Pépé de nos fins de repas parfois animées.
De tes tenues toujours soignées. Je me souviens de toi toujours endimanchée avec ton collier de perles et ta montre que tu n'as cesse de remonter.
L eau de Cologne juste dosée sur cette coiffure toujours soigneusement peignée le peigne en ivoire rangé à côté de ton mouchoir parfumé dans le sac. Ce sac que tu tiens sur tes genoux assise à côté de Pépé dans la 305 bleu argentée.
Je me souviens aussi ton caractèreaffirmé et des paroles un peu franches qui peuvent parfois blesser
L âge t'a assoupli et ça s'est remarqué.
Dans ma maison je t ai emmené avant d'acheter et pour toi la première fois tu n'es pas ravie voir même pas du tout emballée.
Mais quelques années plus tard, je t'ai vu fière et tu m'aurais même féliciter du travail qu'on a fait.
Mon mariage fut même un événement dont tu te réjouissais. C'est toi qui a dormi dans le château c'était aussi pour toi le conte de fée.
Tu m'avais promis et tous les convives s'en rappellent. pour tes 100 ans une fête aussi belle serait célébrée. C'est le compliment qui m'a le plus touché car je te connais les compliments ne sont pas donnés n importe comment.
N importe comment cette phrase je l'ai aimé te l'entendre la rouler.
On t'a souvent charrier et tu rigolais.
La photo que je retiens c'est probablement celles de tes mains, celles de maman, mes mains,et celles de mes filles réunies. 5 mains justes posées pour l'éternité sur un cliché.
Merci pour tout ce que tu m'as enseigné. Merci pour ce que tu es.